La réforme territoriale n’apparaît pas, à ce jour, s’imposer tel un enjeu majeur de ce quinquennat. Pis, le sommet de l’Etat semble chercher sa base territoriale.
Au point que les rumeurs oscillent entre l’annonce d’un sur-place total et les prédictions d’un grand chambardement.
Cependant, petit à petit, la brume se dissipe. Voir par exemple pour une présentation des positions du Chef de l’Etat :
Avec des volets :
- ingénierie territoriale de l’Etat
- Sécurité et police de sécurité du quotidien (i.e. de proximité)
- logement
- transport
- environnement
- Métropoles
(points abondamment évoqués au sein du présent blog mais résumés ici via l’intervention — précitée — du Président de la République).
Listons quelques uns de ces points importants :
- Le Gouvernement se focalise largement sur la réforme de l’Etat et des services publics en général. Voir par exemple :
- Lancement à 17h, ce jour, du programme « Action publique 2022 »
- Action publique 2022 : le Premier Ministre veut rallier à son panache blanc
- Voici la « feuille de route » du Ministère de l’Intérieur pour le quinquennat
- Le présent blog a consacré d’assez nombreux articles sur la présence rénovée à venir de l’Etat dans les territoires, y compris en termes d’ingénierie, etc. A suivre…
- Avec une méthode de concertation via la conférence nationale des territoires, non sans clash avec les associations d’élus, notamment avec les régions (voir notre blog sur ce point en de nombreuses occurrences – voir notamment ici et ici). Via aussi un nouveau pacte, fort flou, sur la politique de la ville (voir, ce jour, sur le site de Maire-info, cette information).
- Avec un programme de maîtrise contractualisée des dépenses qui reste bien flou, à charge pour une mission de préfiguration (composée il y a quelques jours) de nous en dire plus (on semblait partir sur un régime de pénalité pour ceux dont les budgets augmentent le plus mais on devrait glisser vers un régime de conventionnement volontaire : avec quelles contraintes et quels avantages ? A suivre…).Mais il ne faut pas oublier qu’à côté de ces efforts l’Etat prévoit d’importants investissements, d’une part, et que les efforts demandés seront inflation comprise.Voir notamment :
- Ce sont bien toutes les collectivités, et non les seules qui auront contractualisé avec l’Etat, qui auront à respecter la cible de la limitation des dépenses de fonctionnement à 1,2 % hors inflation
- Pacte financier : une mission de préfiguration déjà sous pression
- Finances des collectivités : l’annonce qui change tout
- Les efforts financiers seront bien à faire hors inflation
- Finances : que contient le pacte de confiance entre l’Etat et les collectivités locales ?
- La guerre est déclarée sur le point de savoir qui doit continuer à faire des efforts financiers : l’Etat ou les collectivités locales ?
- Cela dit, ces politiques de maîtrises des dépenses, de suppression de la Taxe d’habitation et d’évolutions en matière de transports qui inquiètent.L’Etat devrait d’ailleurs à ce sujet suivre certaines des recommandations, parfois drastiques, de la Cour des comptes, notamment en termes de réforme territoriale, de mutualisation et d’intercommunalité.Voir par exemple :
- Finances : que contient le pacte de confiance entre l’Etat et les collectivités locales ?
- L’APVF fait part d’un « sentiment d’injustice » face à certains choix budgétairesdu gouvernement
- Un volumineux rapport de la Cour des comptes sur les finances locales, assorti de 17 recommandations
- Taxe d’habitation, fiscalité locale… on commence à y voir (un peu) plus clair
- En termes institutionnels, l’Etat devrait aider les communes nouvelles, mais ses annonces financières restent modestes sur ce point.Ce qui est attendu, ce serait plutôt un passage à la création de communes nouvelles à la majorité qualifiée des communes (point à suivre avec attention ; ce n’est à ce jour qu’une rumeur) ? Voire d’autres adaptations en réponse notamment aux propositions de l’AMF (voir ici).Voir :
- Mais surtout les annonces de l’Etat oscillent entre une simplification à la carte, différenciée des territoires, avec des métropoles favorisées… et en même temps un discours selon lequel il n’y aura pas de big-bang…Disons qu’à ce jour ce qui semble clair est :
- la poursuite du renforcement de l’intercommunalité
- des métropoles favorisées sur un modèle de collectivité intégrant les compétences départementales comme à Lyon (toutes les métropoles à la sauce lyonnaise)
- avec une réforme du Grand Paris (la région et certains départements veulent une très grande métropole ; le Gouvernement s’orienterait vers une MGP maintenue et renforcée avec suppression des départements de la petite couronne; le sort des EPT est discuté…).L’hypothèse qui tenait le plus la corde dans les pronostics ces temps-ci était celle :
- d’un renforcement de la MGP,
- avec une possible extension (limitée ?),
- quelques transferts de compétences et de fiscalité des EPT vers la MGP
- et la suppression à terme 2021 des départements 92, 93 et 94 (mais maintien du régime, tout nouveau de Paris [75] – voir à ce sujet ici , ici et surtout ici).C’est en réponse à ce projet que les départements 92 et 78 ont engagé en mars 2016 un rapprochement par une entente interdépartementale dotée de pouvoirs conséquents. Un contre-feu qui ne devrait pas contrer grand chose si le Gouvernement décide de supprimer lesdits départements..(et aussi une réforme comparable à Aix-Marseille-Provence Métropole ? Il ne semble pas en être trop question mais… à voir)
Voir :
- Le tout dans le cadre d’une réforme de l’intercommunalité qui pourrait contenir un volet gouvernance
- dans le cadre plus large d’un possible regroupement des dates des élections.
Voir : - Sur les deux grands cycles de l’eau (eau potable ; assainissement dont pluvial urbain ; GEMAPI), la continuité s’impose avec des correctifs qui seront limités.Voir :
- GEMAPI : le cycle de l’eau continuera sa révolution avec une petite évolution législative
- Eau et assainissement : l’intercommunalisation à 2020 serait finalement maintenue… Le monde de l’eau est en ébullition [mise à jour au 11/10/2017]
- GEMAPI : voici la proposition de loi qui devrait être soutenue par le Gouvernement
- avec peut-être, du côté du littoral, des évolutions sur le trait de côte (rattaché à la Gemapi à terme ? avec divers correctifs ?):
- Et en complément une révision à venir des questions d’artificialisation des sols et de financement de ces questions (sans doute pas par une nouvelle redevance sur l’eau potable mais peut-être via une sorte de taxe d’aménagement bis) dans un cadre tendu s’agissant des financements des agences de l’eau.
Voir : - avec des politiques sectorielles ambitieuses et soucieuses de souplesse, mais « en même temps » marquées par la rigueur budgétaire :
- Les grands axes de la politique des transports publics du nouveau Gouvernement (article à mettre à jour de la diminution à venir des arrêts de TGV ? Voir cependant ici le démenti de la Ministre concernée à ce sujet)
- La réforme du logement se précise
- Quelle politique du logement sous ce quinquennat ?
- Soutien aux activités périscolaires : un nouveau décret
- Dérogations à l’organisation de la semaine scolaire : le décret au JO de ce matin
- Quelle stratégie numérique pour le quinquennat ?
- … le tout sur fond de « lois de moralisation » même si celles-ci ne s’appellent plus ainsi :
- Le point sur les deux lois pour la confiance dans la vie politique (dites « de moralisation ») promulguées ce WE
- Quelles inéligibilités quasi-automatiques à la suite de condamnations pénales, au lendemain des lois du 15 septembre 2017 ?
- Emplois de cabinet à des membres de la famille des élus locaux : quels interdits, quelles obligations… au lendemain des lois du 15 septembre 2017 ?
- Le contrôle de la situation patrimoniale des Présidents de la République au lendemain des lois du 15 septembre 2016
- Rémunération des parlementaires : un nouveau régime en cas de rémunérations interdites (avec renvoi à la CDBF)
- Voici le texte publié au JO des deux lois pour la confiance dans la vie politique (dites « de moralisation ») promulguées ce WE
Avec en sus :
Alors coups de ciseaux dans les budgets ? Oui. Mais n’en déplaise aux associations d’élus, ces coupes budgétaires s’avèrent considérablement moins importantes que sous F. Hollande (et les suppressions d’impôts locaux moins nettes que sous N. Sarkozy…).
Coups de ciseaux dans les rigidités administratives ? oui. Mais par petites, très petites touches.
Coups de ciseaux dans l’architecture locale ? Va-t-on vers la suppression des interventions départementales là où il y a des métropoles, par exemple ? Oui sans doute mais ce point est encore flou.
Le brouillard se dissipe. Il n’est plus à couper au couteau. Mais il reste épais.
Sur les questions territoriales, le sommet de l’Etat prépare doucement le terrain le temps qu’il mette en oeuvre ses autres chantiers, plus prioritaires. Parce qu’il ne sait pas où aller ? Ou parce que chaque chose doit être gérée en son temps ? Nul ne sait.
Les deux, « en même temps», peut-être…
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