Rencontrons les membres de notre cabinet, à raison d’une personne par semaine, chaque vendredi.
Aujourd’hui, voici Yann LANDOT, associé au sein qui encadre le pôle « Transitions, Environnement, Intercommunalité (TEI) », pôle en charge également des thématiques financières et fiscales.
1/ En quelques mots, comment vivez-vous votre métier d’avocat(e) travaillant dans le monde public ?
Intensément ! Le monde public est un monde en perpétuelle mouvance. Notre société attend beaucoup de nos clients et en retour ils attendent de nous une réactivité, une adaptabilité. C’est intense, mais aussi très gratifiant car ça permet aussi de se dire qu’on aide un peu à faire émerger ces projets publics, qu’on aide les territoires, bref qu’on sert à notre manière l’intérêt général. C’était la promesse faite lorsque l’aventure « Landot & associés » a été lancée, j’espère que nous la tenons !
2/ Avec quels plaisirs ?
Ils sont multiples. Un bonne partie de l’activité du pôle « TEI » étant orientée vers le conseil et l’aide à la décision, nous conduit à être au contact des services, des élus, de leurs métiers et nous force à nous ouvrir à la technique, aux finances, aux enjeux d’un territoire, etc. c’est enrichissant et nous permet, d’être plus concrets dans notre approche, donc je l’espère utiles. Le plaisir de se dire qu’on sert peut-être à quelque chose déjà, aide à donner du sens.
Pour ces mêmes raisons, nous faisons beaucoup de « terrain ». A titre personnel, être sur le terrain ça me permet aussi de sortir de la « froideur » des textes et de la jurisprudence. Le côté humain, les échanges sincères qui en découlent, sont un aspect important du métier. Par ailleurs, s’il y a 25 ans je ne connaissais pas ma géographie Française, je me suis pas mal amélioré depuis.
3/ Quels enthousiasmes ?
Je viens de réaliser que je fais ce métier depuis près de 25 ans. Une spécificité de notre métier est son renouvellement perpétuel. Chaque dossier est différent. Ce métier nous force à nous remettre en cause, à ne pas nous reposer sur nos acquis. Les thématiques changent, évoluent en fonction de l’actualité législative mais aussi très simplement en fonction des enjeux de société. Il nous faut donc nous adapter. Si c’est bien sûr, parfois, une source de stress, c’est surtout ce qui est passionnant dans notre activité.
Il y a plus de 10 ans de cela j’ai commencé aussi à encadrer, ce fut un nouveau défi. Nous sommes passés de 2 à 9 personnes en moyenne au sein du pôle. C’est un autre aspect du métier tout aussi passionnant : créer une équipe, l’aider à grandir, accompagner les jeunes avocats et consultants dans leur progression, les aider à éviter certains pièges, a apprendre à faire des réponses opérationnelles aux clients est devenu un aspect important de mon métier.
Il y a eu dans ces années aussi de belles rencontres et de beaux projets. Des liens de confiance qui se sont formées avec des clients, des partenaires financiers ou techniques et parfois des amitiés. Ce sont aussi des anecdotes amusantes comme cet élu policier municipal, qui a « arraisonné » le bus SNCF dans lequel on voyageait et nous en faire descendre comme des malfrats… pour nous faire aller plus vite en réunion de travail. Et surtout beaucoup de projets accompagnés qu’on a le plaisir de voir apparaître et évoluer quelques années plus tard. Toutes ces petites choses, contribuent à renouveler l’enthousiasme pour ce métier exigeant.
4/ Quelles contraintes ?
L’adaptabilité, les déplacements sont bien entendu tout autant des contraintes, notamment pour ma conjointe et mes enfants que j’aimerais voir un peu plus. Mais avec le temps on apprend à s’organiser, optimiser son temps pour en libérer à la fois pour les clients, l’équipe et les proches.
Mais le temps reste la principale contrainte : réussir à trouver le bon équilibre est délicat, on a toujours l’impression de ne pas disposer d’assez de temps pour satisfaire toutes les attentes. Par ailleurs — ce n’est pas propre qu’à notre profession — mais le temps s’est accéléré. Il y a 20 ans les urgences se traitaient en 15 jours. Désormais une urgence doit être traitée dans la journée voir dans l’heure. Il nous faut alors apprendre à maîtriser notre propre stress ainsi que celui de l’équipe et des clients qui ont besoin de réponses rapides et claires.
Il y a une dizaine d’années nous n’aurions sans doute pas pu avoir la réactivité nécessaire pour gérer cette contraction du temps. Fort heureusement le cabinet a grandi et la taille actuelle des équipes permet d’absorber bien plus ces urgences.
5/ De manière anonymisée, pouvez vous deux ou trois indications sur des dossiers qui vous ont marqué ? Pourquoi avoir choisi ces dossiers là ?
Il y en a tant. De l’élaboration de SRADDET, des missions pour l’Etat à un dossier de création de crèche dans une commune de 1000 habitants tous les dossiers sont intéressants. Il n’y a pas de dossier cher à mon cœur plus qu’un autre. En revanche il y a des liens forts qui se sont tissés. Certains clients nous font confiance comme certains grands syndicats environnementaux ou certaines communautés depuis nos débuts. Cette fidélité — qui nous honore et nous oblige — laisse de belles traces.
Je garde un souvenir ému de plusieurs missions de création ou évolutions d’intercommunalités ou autres structures, ça fait partie de dossiers où on « mouille la chemise » : on rencontre chaque commune, échange avec les services. C’est une immersion totale dans un territoire et ses enjeux. On sillonne les routes. Chaque commune fait part de ses spécificités, de ses besoins et on essaye de faire un projet adapté. Il y a quelques années nous avions accompagné plusieurs communautés de communes dans le cadre de leur fusion. Des années plus tard nous revenons pour les aider à se transformer en communauté d’agglomération. Il y a un côté très satisfaisant de se dire qu’on aide à différentes étapes de leur vie certains clients.
J’ai une pensée particulière aussi pour mon premier gros contentieux environnemental. Pendant plusieurs années nous avons travaillé avec une collectivité contre un projet qui était un non-sens environnemental. On a partagé la galère des élus dans le bras de fer engagé, fait des réunions publiques, essayé de trouver des parades, usé de tous les mécanismes juridiques — même les plus folkloriques — pour bloquer le projet. Au final après certaines déconvenues le juge avait fini par donner raison à la collectivité. C’est évidemment un souvenir très fort.
6/ En quoi avez vous eu à travailler sur vous-même pour mieux servir nos clients ?
Le risque du métier est de se sentir trop impliqué au point de perdre toute objectivité. Ou au contraire de faire preuve de trop détachement.
Le plus dur est de devoir parfois expliquer au client la dure réalité de sa situation, que le projet ne se fera pas exactement comme il le souhaite ou que son contentieux est mal engagé. On a envie que les projets de nos clients se concrétisent. Il est tellement plus simple pour certains conseils de pouvoir toujours dire « tout va bien, allez-y ». A l’inverse d’autres préféreront adopter la solution « du parapluie » au risque de ne jamais proposer de solution pour se couvrir.
Les premières années du métier ont consisté à faire ce délicat apprentissage pour trouver le bon équilibre.
7/ Que représente, pour vous, notre cabinet ? ses engagements et ses valeurs ?
La spécificité du cabinet Landot & associés, le moteur du projet est l’intérêt général et l’attachement aux services publics. Ca se retrouve je pense dans le parcours des associés, noyau historique du cabinet, mais aussi dans le parcours de nombre des avocats de l’équipe. Pour beaucoup d’entre nous, si nous n’étions pas en cabinet, serions probablement sous d’autres formes au service de l’Etat et ses collectivités.
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