Depuis le premier confinement, un exode urbain est à noter, au profit des régions traditionnellement attractives (ce qui n’est pas nouveau), en direction des secondes couronnes (idem) mais aussi des villes petites et moyennes (ce qui s’avère déjà moins usuel).
Sauf que ce constat doit être nuancé, contextualisé, expliqué.
A ce titre, voici deux sources passionnantes et… gratuites.
I. L’étude du PUCA (février 2023)
La première est une étude du Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA ; service interministériel) par Hélène Milet, responsable du programme POPSU Territoire et par Eva Simon, chargée de projet au PUCA, commandée par le Réseau rural français :
- Lire le Document de synthèse
- VOIR SURTOUT :
- ET VOICI LE RÉSUMÉ FAIT PAR LE PUCA DE CE TRAVAIL
Premiers résultats
Les premiers travaux montrent, que la pandémie de Covid-19 n’a pas bouleversé de fond en comble les structures territoriales françaises qui restent marquées par la centralité des grands pôles urbains. Largement et bruyamment annoncé dans la presse et certains discours d’élus (pour l’espérer ou le craindre), l’exode urbain ne semble pas, pour l’instant, revêtir un caractère massif. Est-ce à dire que rien ne se passe dans les trajectoires résidentielles depuis le début de la crise sanitaire ? Les travaux menés repèrent des signaux faibles, qui viennent renforcer et accélérer des phénomènes déjà présents dans les territoires : processus de périurbanisation – qui s’étend à d’autres territoires et devient une « méga-périurbanisation » –, de « renaissance rurale », de renforcement de l’attractivité des espaces de villégiature, au coeur de circulations résidentielles entre bi-résidentialité et habiter polytopique. La sociologie des ménages engagés dans une démarche d’exode urbain est diverse et recoupe des réalités socio-économiques et spatiales variées. La pandémie fait néanmoins ressortir un nouveau modèle d’investissement immobilier, à la croisée de réflexes « collapsologiques » – soit en lien avec une anxiété croissante vis-à-vis des évolutions climatiques -, et des stratégies d’extraction de la rente foncière. En creux, dans certains territoires, le risque d’un renforcement de la précarité rurale et des difficultés d’accès au logement pour certaines catégories de la population émerge. Derrière l’expression « exode urbain » se cacherait donc un double malentendu : d’une part il n’est pas question ici d’un déferlement massif de populations « urbaines » dans les « campagnes », sorte de retour de bâton d’un exode rural qui aurait marqué les mobilités résidentielles au XXe siècle. D’autre part, les premières analyses invitent à saisir la diversité des territoires, y compris urbains : si départs de population il y a, ils sont loin de concerner toutes les catégories de villes.
Et voici les 4 principaux résultats recensés par le PUCA, en cartes :
II. L’étude de l’INSEE (mars 2023)
A cette étude, s’en ajoute une autre, complémentaire, et également gratuite, de l’INSEE :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/6966059
En voici le résumé :
« Plusieurs indicateurs rendant compte d’une partie des déménagements récents tendent à montrer une accélération des mouvements vers des régions déjà attractives par le passé. Les restrictions successives liées à la crise sanitaire et le développement du télétravail pourraient avoir modifié le rapport des ménages à leur lieu de résidence. Les pôles des grandes métropoles et de l’aire parisienne, déjà déficitaires avant la pandémie par rapport à leurs couronnes, le sont encore plus après 2020. Le même mouvement s’observe depuis ces grandes aires vers celles de taille plus modeste. Si nombre de ces mouvements migratoires relèvent de choix résidentiels liés au cycle de vie traditionnellement observés (retraite, entrée en études supérieures), l’intensification des tendances peut suggérer des évolutions de comportement, notamment chez les actifs avec jeunes enfants. »
Voici quelques uns des extraits de cette étude :
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.