France Stratégie vient de diffuser une très stimulante note d’analyse ainsi résumée :
« L’usage du bois prélevé en forêt constitue un paramètre clé des politiques d’atténuation. Le bois d’œuvre et l’usage en matériaux de ses coproduits permettent de stocker le carbone. Cet usage est préférable à l’usage en énergie, car la combustion du bois conduit à une augmentation immédiate du carbone atmosphérique. Celle-ci n’est compensée que progressivement lors de la nouvelle croissance forestière.
« Ainsi, les politiques publiques en place, qui reposent sur le postulat de neutralité carbone du bois énergie et minorent le stockage du carbone dans les matériaux bois, ne donnent pas les bonnes incitations. Il serait souhaitable de réorienter les soutiens au bois énergie vers les filières de production de matériaux à durée de vie longue. Plus largement, la planification de la filière, de la gestion forestière à l’usage du bois, en passant par l’industrie de la transformation, devra prendre en compte non seulement les enjeux d’adaptation au changement climatique et d’atténuation, mais également ceux d’indépendance énergétique et de biodiversité. Concilier ces différents enjeux se révèle ardu, et des planifications adaptées aux caractéristiques de chaque peuplement, notamment à leur richesse biologique et à leur vulnérabilité au changement climatique, seront nécessaires.»
Avec ce graphique intéressant sur les usages actuels :
Voir cette note d’analyse :
Reste que planifier voire réformer les usages et la gestion du bois ne sera pas aisé face à un phénomène — c’est le cas de le dire — massif, surtout à gestion privée et en extension. Citons ce rapport avec quelques chiffres chocs :
« La forêt métropolitaine française couvre 17,1 millions d’hectares (Mha), dont 12,8 Mha de forêts privées, 1,5 Mha de forêts domaniales et 2,8 Mha de forêts communales. La majeure partie de la forêt privée est détenue par des propriétaires possédant plus de 10 hectares : 24 % par des propriétaires possédant plus de 100 hectares, 37 % par des propriétaires détenant entre 10 et 100 hectares, 14 % par des propriétaires détenant entre 4 et 10 hectares et 24 % par des propriétaires détenant moins de 4 hectares3.
La superficie forestière métropolitaine est en constante augmentation. Entre 1985 et 2022, elle s’est étendue sur 3,0 Mha (+ 20 %), notamment sur des terres agricoles en déprise, quand dans le même temps le volume de bois sur pied a augmenté de un milliard de mètres cubes (+ 56 %). La hausse du volume de bois sur pied est ainsi davantage liée à la capitalisation des peuplements préexistants qu’à la croissance de la surface forestière.
La forêt est majoritairement composée de peuplements monospécifiques4 (47 % de la surface) devant les peuple- ments à deux essences (34 %) et plus (19 %). Les peuplements sont pour la plupart composés de feuillus (67 % de la surface forestière totale). »
L’usage pour l’énergie reste minoritaire, mais il grimpe :
Les pages 5 et 6 sur le fait que « la forêt participe à l’atténuation du changement climatique » recèlent des chiffres qui, au delà d’une affirmation convenue, précise les manières de calculer le stockage de carbone des forêts, avec une finesse qui s’accroit mais qui reste en voie de définition s’agissant de la « séquestration annuelle de carbone dans les premiers horizons du sol » :
Sur le cycle d’usage et de consommation carbone en cas d’usage énergétique, ou d’usage de construction, ou d’usage d’autres matériaux de construction versus le temps de recomposition des arbres correspondants, voir ces deux figures :
Sur l’intérêt des vieux arbres pour la biodiversité, je ne résiste pas à l’envie de vous diffuser ce superbe schéma (Source : Bütler R., Lachat T., Krumm F., Kraus D. et Larrieu L. (2020), « Connaître, conserver et promouvoir les arbres-habitats », Notice pour le praticien, n° 64, WSL, janvier, p. 2) :
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