Coup sur coup, la France vient d’être comparée aux autres pays en matière de performance environnementale et de respect des objectifs de développement durable (ODD) au titre d’un grand nombre de rapports et d’études. Les résultats sont flatteurs dans certains cas et moins dans d’autres, mais ce ne sont pas, à chaque fois, les mêmes points qui sont comparés.
I. La performance environnementale des pays, étudiée par Yale university : la France en 2e position au niveau mondial
L’indice de performance environnementale (EPI) calculé par l’Université de Yale place la France en 2e rang mondial derrière la Suisse et avant le Danemark.
Cet indice est très large puisqu’il prend en compte la protection environnementale (y compris les aires marines), la qualité de l’air et de l’eau, les normes environnementales, la pollution, mais aussi les conditions de développement durable pour la santé humaine et les écosystèmes.
Pris sur un spectre aussi large, et notre économie ne produisant pas énormément de carbone (du à notre énergie nucléaire et à notre désindustrialisation notamment, mais aussi à nos infrastructures de transport en commun), on comprend mieux ce bon positionnement national :


La France a de moins bonnes notations pour la qualité de l’air par rapport aux pays qui l’environnent dans ce classement mais la France se rattrape avec de très bonnes notes sur la vitalité des écosystèmes et sur les protections des aires marines.
Voici donc ce classement mondial :
II. Sur les objectifs du développement durable : peut mieux faire selon l’INSEE ; élève en progression (4e mondial) selon l’ONU
A compter du 9 juillet, le Forum politique de haut niveau sur les Objectifs de développement durable se tient à New York, en lien avec l’ONU.
Le très intéressant site NOVETHIC vient de très bien synthétiser tout cela et nous en recommandons vivement la lecture :
II.A. l’étude de l’INSEE
Voir l’étude de l’INSEE :
La France est là encore bien notée car ces indices prennent en compte aussi le développement durable humain, et la France en ce domaine est fort bien placée. Sur terrain plus strictement environnemental, la France est plus nettement en situation de l’élève pouvant mieux faire…
Citons l’INSEE sur la partie énergie :
Depuis plusieurs années, la France, comme la quasi‐totalité des autres pays européens, réduit sa consommation d’énergie finale. Celle‐ci a diminué de l’ordre de 9 % depuis 2005. Cependant, la consommation finale d’énergie par habitant y reste élevée en 2016 comme dans les autres pays d’Europe de l’Ouest et du Nord : avec 596 kg équivalent pétrole par habi‐ tant, la France ne se démarque pas de ce groupe de pays, mais se situe un peu au‐dessus de la consommation européenne (558 kg équivalent pétrole par habitant) (figure 9). L’écart très significatif de consommation d’énergie finale par habitant entre les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord et ceux d’Europe du Sud et de l’Est s’explique par les écarts de niveaux de vie entre ces pays, ainsi que dans certains cas par des facteurs climatiques et par la structure de leur consommation par type d’énergie. En France, la croissance de la productivité de l’énergie, c’est‐à‐dire la capacité à produire plus avec la même quantité d’énergie, est supérieure à 2 %
Mais on pourra souligner que raisonner en termes de tonnes équivalent pétrole et de part d’énergies renouvelables (qui sont bien sûr des indicateurs pertinents) est un peu court car il faudrait prendre en compte la production de CO2 en ces domaines comme étant l’indicateur du risque le plus urgent (le réchauffement climatique) pour lequel la France, en revanche, est en bonne situation (en raison du nucléaire, certes sujet peu consensuel !).
Voir aussi :
Mauvais point pour la France également : l’artificialisation, qui continue, des sols (et une forêt — lutte contre le réchauffement oblige — qui pourrait, hors Guyane, être plus grande vue notre population en dépit de la croissance de celle-ci). Mais il est à noter que sur ce point le Gouvernement a pris des mesures plus drastiques à venir, qui font hurler nombre d’élus en phase de révision de leurs documents d’urbanisme…
A lire dans l’étude de l’INSEE :
En matière de préservation de la qualité des milieux naturels, par leur rôle positif sur la biodiversité, leur capacité à réduire les émissions de CO2 et à combattre ainsi le changement climatique, les forêts sont l’objet de stratégies européennes de développement. La forêt et autres terres boisées couvrent seulement 31 % de la surface de la France métropolitaine en 2015, en légère croissance depuis 2009 (+ 0,8 point). Cela la place parmi les pays européens ayant la couverture forestière la moins étendue, proche de l’Allemagne (32 %), sensiblement en deçà de l’ensemble de l’UE (42 %) et très loin des pays à faible densité de population tels que la Finlande (71 %), la Suède (66 %) ou la Slovénie (63 %)16.
Par ailleurs, en 2015, les surfaces artificialisées par habitant sont plus élevées en France métropolitaine que dans une majorité de pays européens.
Sur la qualité des eaux :
II.B. l’étude de Sustainable Development Solutions Network (SDSN) and the Bertelsmann Stiftung
Le rapport de Sustainable Development Solutions Network (SDSN) and the Bertelsmann Stiftung est d’une autre nature :
La carte focalisée sur le réchauffement climatique est très nette et n’incite pas au satisfecit, ni national ni encore moins mondial (et étrangement certains pays comme l’Inde font une remontada dans le classement sur ce seul critère) :
En indice de développement durable, nous sommes les 4e mondiaux selon cet autre rapport, mais là encore nous sommes surtout réévalués par les critères non environnementaux (sociaux, sanitaires…) :
Notre ratio de gaspillage énergétique est, par exemple, peu satisfaisant (pages 15 à 17 du rapport).
Si l’on ventile nos notes pour chaque objectif du développement durable, on voit que nous sommes très bons en lutte contre la pauvreté, en social, en sanitaire (en valeurs relatives par rapport aux autres pays s’entend…) mais que nous sommes plutôt mauvais sur certains points dont les modes de production et de consommation durables, l’action pour le climat…). Et médiocres dans pas mal de domaines, y compris désormais l’éducation ou la qualité des rejets dans le milieu naturel.
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… mais la France, élève qui peut mieux faire, est en net progrès dans divers domaines (voir le sens des flèches) :
III. La version de la République française à ces mêmes propos
La France vient quant à elle de faire son propre rapport au regard de ces ODD et de l’objectif 2030 :
- https://www.agenda-2030.fr/sites/default/files/2019-07/Point_étape_2019_ODD_France_p.pdf
- Point_étape_2019_ODD_France_p
L’idée n’est pas dans ces documents de comparer la France aux autres pays ni même, sauf pour certains ODD (derniers tiers du document en gros), de faire un point d’étape. Il y a plus un catalogue d’actions et d’exemples…
IV. Le rapport Launay sur l’ODD 6 (qualité des eaux)
La qualité de eaux ‘(potable et grand cycle / Gemapi) est souvent résumée à l’objectif de développement durable n°6 alors que ces questions se retrouvent aussi dans de nombreux autres ODD.
Un rapport, présenté par J. Launay dans le cadre de la seconde partie des assises de l’eau, en mai dernier, a été commenté au sein du présent blog et il faisait un point (sans satisfecit national à en tirer, loin de là) à ce sujet.
Revoici ce que nous écrivions alors en résumé de ce rapport :
Voir :
La lecture de ce rapport, qui tente de redresser ces assises, s’avère revigorante, avec quelques constats :
- un engagement des citoyens mais des actions qui ne vont pas bien au delà des règles européennes
- La France doit faire rapidement des choix au vu de l’étude « L’approche européenne de la mise en oeuvre des Objectifs de Développement Durable : bonnes pratiques et pistes pour le futur », publiée par le Secrétariat du Parlement européen en février 2019. Cette étude examine les cadres de gouvernance mis en place pour la mise en oeuvre des ODD dans tous les États membres de l’UE. Les fiches pays qui en résultent constituent un aperçu comparatif complet. La France est classée parmi « les moins bons élèves » de l’UE en matière d’engagements et de stratégie politique vis-à-vis des ODD.
- L’Eau est le marqueur du changement climatique
- Les 7 comités de bassin ont adopté un plan d’adaptation au changement climatique et les mesures identifiées dans les différents PACC viennent alimenter et renforcer les principales décisions des Assises de l’eau phase 2. Le constat partagé des directeurs des agences de l’eau précise : « il faut prendre en compte l’effet du changement climatique (SDAGE, évolution de la DCE, instruction PTGE) et intégrer ses effets dans les décisions de long terme comme la planification de l’urbanisme (SCOT), les politiques sectorielles (énergie, agriculture) ou les schémas de développement territorialisés (SRADDET)… »
A noter cet extrait :
Selon ce rapport, il se fait grand besoin d’une allocation efficace des budgets d’intervention des Agences de l’Eau sur le Grand Cycle.
Les extraits ci-dessous sont intéressants :
Et ce rapport d’étudier les juxtapositions d’acteurs en ce domaine (pages 14 et 15, puis page 17), ainsi que de pointer l’incomplétude de la carte des SAGE, notamment dans la partie orientale de notre pays (avec cependant quelques contre-exemples, l’Alsace par exemple) :
Un élargissement du principe pollueur payeur (l’eau paye l’eau) est souhaité (pages 21 et suivantes) au prix de nouvelles redevances.
D’où les 21 propositions que voici :
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