Il est de bon ton de critiquer la grande taille, désormais, des intercommunalités et parfois ces critiques reposent sur des arguments très solides.
Mais n’oublions pas les réalités que vient de rappeler, ce matin, l’INSEE (dans une étude portée par MM. Robert Reynard et Vincent Vallès), à savoir que :
- Les emplois se concentrent très progressivement sur le territoire ; et à ce stade, nombre de métropoles ou autres EPCI à FP sont plus attractifs que leur périmètre. Cela veut dire qu’en termes de travail (mais aussi de consommation, de vie universitaire ou culturelle, de vie économique…) et de déplacements, la vie de nos concitoyens est déjà à l’échelle de ces grandes intercommunalités… voire plus grande encore
- les emplois ont tendance à se concentrer très progressivement sur le territoire, au profit de neuf métropoles dynamiques : Paris, Toulouse, Lyon, Nantes, Bordeaux, Montpellier, Marseille, Rennes et Lille. La concentration de l’emploi dans les grandes métropoles résulte uniquement de celle de la sphère productive, la répartition de la sphère présentielle créant une résistance à ce mouvement.
- les déplacements domicile-travail augmentent et un tiers des actifs ne travaillent pas dans leur intercommunalité de résidence. Entre 2006 et 2016, à l’échelle des intercommunalités (EPCI), Dans six de ces métropoles, cette croissance de l’emploi se diffuse aussi dans les EPCI alentour, principalement grâce au dynamisme des activités présentielles. Un tiers des actifs, soit 9 millions de personnes, ne travaillent pas dans leur intercommunalité de résidence ; ce taux de sortie atteint ou dépasse même 50 % dans la moitié des EPCI. Les déplacements domicile-travail se font essentiellement entre EPCI voisins. Entre 2006 et 2016, le nombre de navetteurs augmente, notamment entre espaces résidentiels et pôles économiques. Les métropoles du Grand Paris et du Grand Nancy se singularisent : le nombre de leurs habitants allant travailler à l’extérieur est stable depuis 2006, alors qu’il augmente d’au moins 0,4 % par an dans les autres métropoles.
Les métropoles ont une croissance de l’emploi mais celle-ci est contrastée. Les communautés urbaines et d’agglomérations sont plus stables, tandis que le monde rural bâti sur ses communautés de communes continue de se désertifier, globalement.
Et l’INSEE de noter que :
Au-delà de ces évolutions moyennes, au sein de chaque catégorie d’EPCI, les résultats sont contrastés. Dans deux métropoles, celles de Metz et Saint-Étienne, le nombre d’emplois diminue de plus de 0,2 % par an. En revanche, les métropoles de Montpellier, Toulouse, Nantes et Bordeaux sont les plus dynamiques avec une croissance de l’emploi qui atteint ou dépasse 1,0 % par an.
L’emploi augmente de plus de 0,2 % par an dans un tiers des communautés d’agglomération et des communautés de communes (figure 2). Cette part est plus faible pour les intercommunalités les plus rurales et les moins peuplées.
L’INSEE constate ensuite un phénomène vertueux localement, mais qui en contraste rend difficile la croissance de l’emploi dans les autres secteurs : la proximité de métropoles dynamiques favorise la croissance de l’emploi.
Autre passage très intéressant de cette étude :
« Seuls 161 EPCI offrent un nombre d’emplois supérieur de 10 % à leur nombre d’actifs occupés résidents et sont ainsi attractifs pour leur voisinage en matière de marché du travail. Cette catégorie d’EPCI inclut l’intégralité des métropoles, à l’exception de celles d’Aix-Marseille, Nice et Toulon où le nombre d’emplois est équivalent à celui des actifs occupés résidents. Elle comprend aussi 10 communautés urbaines sur les 13 et un tiers des 222 communautés d’agglomération. Ces EPCI se singularisent par des taux de sortie faibles et ce d’autant plus que le nombre d’emplois offerts est important. En moyenne, le taux de sortie y est de 15 %. Il s’échelonne de 10 % pour le Grand Paris, à 14 % en moyenne pour les autres métropoles, à 21 % pour les communautés d’agglomération et 25 % pour les communautés de communes.
À l’opposé, 579 EPCI cumulent un nombre d’emplois inférieur d’au moins 10 % au nombre d’actifs occupés (6 emplois pour 10 actifs occupés en moyenne), ainsi qu’un taux de sortie élevé. Leurs habitants sont en effet les plus enclins à aller travailler à l’extérieur : en moyenne, plus de deux actifs sur trois. Ces territoires situés en périphérie des métropoles et des principaux centres d’activités sont marqués par une moindre adéquation entre la localisation de l’offre et de la demande de travail. Nombre de leurs résidents se déplacent pour aller travailler dans les centres urbains, alors que les emplois de ces territoires sont souvent pourvus par des actifs d’autres zones. Le nombre d’actifs venant y travailler est en effet important : 43 % de leurs emplois sont occupés par des non-résidents, contre 31 % pour les 161 EPCI pôles d’attractivité économique. »
A noter : le nombre de navetteurs entre EPCI augmente. Le nombre d’actifs changeant quotidiennement d’EPCI pour aller travailler progresse :
« En France, entre 2006 et 2016, il augmente annuellement de 1,2 %, soit près de 102 000 navetteurs supplémentaires par an. Deux facteurs expliquent cette évolution : la variation du nombre d’actifs en emploi et la variation de la propension des actifs à occuper un emploi à l’extérieur de leur EPCI. Sur la période 2006-2016, ce second effet prédomine : il explique à lui seul 80 % de l’augmentation du nombre de navetteurs. »
A NOTER, les chiffres en matière d’habitat vont dans le même sens. Voir :
ALIRE ICI :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4204843?pk_campaign=avis-parution
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