Les mesures de compensation des atteintes à la biodiversité engagées sur des grands projets d’infrastructures sont-elles juste là pour avoir bonne conscience ou s’avèrent-elles effectives ?
Telle est l’intéressante question posée au Sénat, à l’origine par les sénateurs écologistes. D’où une Commission d’enquête présidée par M. Jean-François LONGEOT, avec M. Ronan DANTEC pour rapporteur.
Voir la page consacrée à cette commission sur le site du Sénat :
http://www.senat.fr/commission/enquete/atteintes_a_la_biodiversite.html
Après avoir mené une cinquantaine d’auditions et effectué quatre déplacements, la commission d’enquête dresse un double constat relatif à la mise en œuvre de la séquence « éviter-réduire-compenser » (ERC) dans le cadre de grands projets d’infrastructures :
- 1. le triptyque ERC est inscrit en droit français depuis plus de quarante ans mais n’a été longtemps que partiellement appliqué, malgré un contexte général d’érosion de la biodiversité ;
- 2. un certain nombre de difficultés empêchent aujourd’hui une bonne mise en œuvre de la compensation :
- multiplicité des régimes juridiques mettant en œuvre la séquence ERC,
- segmentation des procédures,
- anticipation insuffisante,
- absence quasi-systématique de mise en œuvre de l’évitement,
- trop faible recherche de consensus entre l’ensemble des parties prenantes,
- manque de cohérence temporelle et territoriale.
Face à ces constats, la commission d’enquête formule 35 propositions visant à remédier à ces difficultés, à « faciliter » la conduite des projets tout en respectant l’exigence environnementale et à faire fonctionner ensemble deux trames – naturelle et humaine – qui aujourd’hui s’affrontent.
Ces propositions dessinent en creux ce que l’on pourrait appeler une séquence ERC « idéale », qui réunirait plusieurs conditions essentielles :
- une meilleure prise en compte des étapes de l’évitement et de la réduction ;
- une meilleure insertion de la compensation dans les territoires ;
- une harmonisation des règles applicables pour la réalisation des inventaires initiaux ;
- une méthode de compensation stabilisée ;
- une association très en amont de tous les acteurs des territoires ;
- une réelle participation du monde agricole à toutes les étapes de la séquence ;
- des mesures compensatoires assises sur un consensus scientifique solide et partagé ;
- un suivi des mesures compensatoires harmonisé et organisé à une échelle territoriale et temporelle cohérente.
Voici le tome I de ce rapport :
et en voici le tome II (les auditions) :
Bonne lecture !
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