Le plan bibliothèques commence à pouvoir être abordé à livre ouvert.
Cela a commencé en fanfare mais dans le brouillard d’annonces imprécises :
- Bibliothèques / médiathèques : le Ministère lance sa grande tournée de promotion des horaires élargis, sur fond de flou sur les aides correspondantes
- Bibliothèques/médiathèques : l’État appuiera financièrement ceux qui s’engageront dans une plus grande amplitude horaire d’ouverture
- voir aussi :
Puis le brouillard a commencé de se dissiper il y a moins de deux mois :
Le discours que voici de la Ministre Nyssen tenu il y a deux jours nous en dit plus :
En voici les meilleures feuilles (mais cela reste encore flou et les moyens financiers sont très modestes au regard des ambitions…) :
« […]
– Rendre les bibliothèques plus accessibles;
[…] Nous nous sommes fixé un cap : qu’au moins 10 millions de citoyens d’ici la fin du quinquennat bénéficient de cette transformation.
En rendant leurs bibliothèques plus accessibles, d’abord.
[…] : chaque transformation doit être pensée au niveau local, pas « d’en haut ». Il ne s’agit pas d’imposer à toutes les bibliothèques d’ouvrir le dimanche, ou de doubler leur volume horaire.
C’est à vous de décider. Nous serons là pour accompagner. A certains endroits, il pourra être pertinent d’ouvrir davantage le dimanche et en soirée. A d’autres, décaler des créneaux : une matinée de la semaine vers le samedi par exemple, si c’est jour de marché. A d’autres endroits encore, dans une zone de bureaux par exemple, il pourra être plus pertinent d’ouvrir entre midi et deux, si ce n’est pas déjà le cas.
Dans les petites communes en particulier, « adaptation » ne veut pas toujours dire
« extension ».Pour les villes plus importantes, nous devons faire un effort sur le volume horaire : Nous sommes loin des standards internationaux, vous connaissez les chiffres : nos bibliothèques ouvrent moins de 40 heures par semaine dans nos plus grandes villes, contre 78 heures à Londres, 84 à Amsterdam, 88 à New-York, et jusqu’à 98 heures par semaine à Copenhague.
Par ailleurs, l’immense majorité des bibliothèques est fermée le dimanche en France : seules 130 sont ouvertes, sur 16 000 points de lecture au total.
Nous voulons accompagner les extensions horaires, notamment le weekend, dans certains territoires en priorité :
– Les villes moyennes, où les bibliothèques sont parfois le seul équipement culturel et animent ainsi le cœur de la Cité ;
– Les quartiers de la politique de la ville, où les bibliothèques sont des lieux de vie et d’accès au service public ;
– Et les grandes villes, au-delà de 100 000 habitants : car ce sont des villes étudiantes, la plupart du temps, et nous ne pouvons pas priver nos étudiants de ce lieu pour travailler.
J’ai proposé des objectifs de progression, qui sans être des règles, peuvent servir de caps :
– Dans les villes de plus de 20 000 habitants, un accroissement horaire de 20% par semaine au moins, d’ici la fin du quinquennat.
– Un objectif d’ouverture moyenne de 50 heures pour les villes de plus de 100 000 habitants.
Adapter les bibliothèques aux réalités des citoyens, c’est aussi les adapter à leurs usages.
L’investissement numérique doit se poursuivre. Vous l’avez tous souligné, dans les concertations. J’ai obtenu du secrétaire d’Etat au numérique que les bibliothèques puissent être inclues dans le grand « Plan d’inclusion numérique » à chaque fois qu’une collectivité sera prête à y installer un espace numérique.
Le plan d’action commun pose par ailleurs l’ambition d’une bibliothèque numérique de référence par département d’ici la fin du quinquennat. Nous les accompagnerons spécifiquement.
S’adapter aux réalités de tous les citoyens, c’est aussi s’adapter aux situations de handicap. Je pense aux personnes à mobilité réduite : les mises aux normes doivent se poursuivre. Mais je pense aussi aux personnes malvoyantes. Nous proposons de fixer l’ambition d’une bibliothèque référente par département en matière d’équipement et de fonds de livres pour ces personnes.
Deuxième axe de notre plan commun : faire des bibliothèques des « maisons de services publics culturels ». C’est-à-dire des points de repère et de ressources pour tous les Français. Beaucoup en ont une « fausse idée ». Celle d’un lieu où l’on va pour emprunter un livre ou un DVD.
Les bibliothèques peuvent jouer un rôle central dans plusieurs grands combats de société:
– La lutte contre les inégalités d’accès aux savoirs et à la culture, d’abord, qui commence à l’école :
J’ai sollicité le ministère de l’Education nationale, qui s’est engagé à ce que chaque école noue un partenariat avec une bibliothèque : pour développer la lecture et ouvrir à tous des accès à la culture.
Nous allons par ailleurs faire « plus » pour ceux qui ont « moins » : j’ai demandé aux DRAC de se rapprocher des bibliothèques des quartiers prioritaires et des zones rurales pour leur proposer de s’engager dans les Contrats Territoires Lecture que nous accompagnons.
– Autre combat permanent de notre société, dans lesquelles les bibliothèques ont un rôle clé : l’inclusion.
Celle des primo-arrivants, qui passe par l’apprentissage du français. Nous visons une bibliothèque par département référente d’ici la fin du quinquennat.
Les sociétés de l’audiovisuel public, France Médias Monde, TV5 Monde, s’engagent: […]
– Autre grand combat de notre démocratie : la lutte contre les fake news. […] ateliers de formation contre les « fake news » et plus généralement à l’éducation à l’information puissent être proposés dans au moins 3 bibliothèques par département et au moins une bibliothèque par ville de 100 000 habitants ;
J’ai annoncé la création d’un programme de 400 services civiques dédiés : ils seront à disposition pour intervenir dans vos bibliothèques, en coordination avec les bibliothécaires.
[…]
L’Etat a un double devoir.
Un devoir d’exemplarité, d’une part. On ne peut pas attendre que vous ouvriez mieux vos bibliothèques, et ne rien faire pour les nôtres.
Les bibliothèques du ministère de la Culture sont déjà mobilisées […].
Nous allons continuer avec les bibliothèques universitaires :[…].
Autre devoir de l’Etat : l’accompagnement des professionnels et des collectivités. Puisque nous demandons « plus », nous devons faire « plus ». Sur le plan financier, d’abord :
Nous soutenons les projets d’investissement que vous portez, avec 80 millions d’euros de Dotation générale de décentralisation: pour la transformation numérique, la mutualisation des services, le développement des prêts automatiques, les aménagements liés à l’accessibilité.
Par ailleurs, vous le savez, nous avons obtenu une augmentation de cette Dotation générale de décentralisation de 8 millions d’euros pour soutenir les besoins en fonctionnement des bibliothèques qui se transformeront.
Les extensions horaires et les ouvertures le weekend, ce sont des heures supplémentaires, des coûts de sécurité, de logistique en plus. Je le sais, je le mesure. L’Etat sera donc là pour vous accompagner. Vous avez mis en avant les contraintes rencontrées par les collectivités dans le cadre financier.
Ces 8 millions n’étaient pas acquis. Il s’agit quand même de 10 % d’augmentation. Je me suis battue pour les obtenir. Et je me bagarrerai pour inscrire ce mouvement dans la durée: au-delà de 2018 et obtenir plus encore.
Votre responsabilité, pour l’heure, est de vous emparer des financements disponibles. Chaque projet démontrant la pertinence et la nécessité de ce budget sera un argument pour le conforter.
L’Etat sera par ailleurs au rendez-vous pour le soutien en ingénierie.
[…]
Pour adapter les horaires, le soutien financier n’est pas la seule solution. La mutualisation des locaux peut en être une, pour élargir ou adapter à moindre coût : Je pense au rapprochement avec des structures locales, comme les bureaux de Poste, les espaces numériques, ou encore les mairies. J’ai aussi demandé au ministère de la Cohésion des territoires d’étudier systématiquement la possibilité d’implanter ses nouvelles Maisons de service au public dans les bibliothèques des communes concernées. Les DRAC sont également là pour conseiller, accompagner au cas par cas.
Enfin, l’Etat sera au rendez-vous sur le plan de l’accompagnement humain. […]
Nous venons de signer une convention avec le Centre national de la fonction publique territoriale : le travail doit être décliné par région. L’un des enjeux est de mieux coordonner les offres de formation : celles du CNFPT, des centres régionaux de formation, de l’Association des bibliothécaires…
[…]
plus de 150 bibliothèques volontaires ont déjà fait remonter des projets de transformation pour 2018. Nous visons 200 projets cette année au total : il en reste donc une cinquantaine à monter.
[…]»
Voir aussi une infographie diffusée à cette occasion :
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