Pas de levée d’immunité parlementaire pour atteinte à la liberté d’expression

La CEDH a rendu hier un arrêt (Kerestecioğlu Demir c. Turquie ; requête 68136/16), censurant une levée d’immunité parlementaire, si cette dernière est fondée sur des opinions politiques ou l’usage fait par le (ou en l’espèce la) parlementaire de sa  liberté d’expression (en l’espèce… juste avoir lancé des slogans dans une réunion !?).

Voir précédemment :

  • CEDH, 27 octobre 2020, AFFAIRE KILIÇDAROĞLU c. TURQUIE , Requête no 16558/18, accessible et commentée ici :
  • voir par exemple CEDH, 7 septembre 2017, Lacroix c/ France, n°41519/12. Voir aussi TUE, 31 mai 2018, aff. T-770/16 et T-352/17.
  • Sur les principes découlant de sa jurisprudence en matière de protection de la vie privée et de liberté dexpression, lesquels sont résumés notamment dans larrêt Couderc et Hachette Filipacchi Associés c. France ([GC], no 40454/07, §§ 83-93, CEDH 2015 (extraits)). Par ailleurs, les principes généraux permettant dapprécier la nécessité dune ingérence dans lexercice du droit à la liberté dexpression ont été résumés récemment dans les arrêts Morice c. France ([GC], no 29369/10, § 124, 23 avril 2015) et Pentikäinen c. Finlande ([GC], no 11882/10, § 87, 20 octobre 2015), et réitérés dans larrêt MedžlisIslamske Zajednice Brčko et autres, précité, §§ 75-79). Ils ont également été exposés dansles arrêts Delfi AS c. Estonie ([GC], no 64569/09, § 131-139, CEDH 2015) et Bédat c. Suisse([GC], no 56925/08, § 48, CEDH 2016).
  • Cela dit, il y a des limites : la CEDH a, par exemple, récemment, confirmé que tenir, publiquement pour un élu local, des propos négationnistes relève bien de l’abus du droit de la liberté d’expression.
    Bref, pas de mensonge négationniste sous couvert de la nécessaire liberté d’expression reconnue aux élus locaux. Cet arrêt est confirmatif de toute une jurisprudence antérieure CEDH, 10 novembre 2015, n° 25239/13 ; CEDH, 31 janvier 2019, n° 64496/17.
    Pour un cas plus complexe cependant, voir CEDH, 15 octobre 2015, n° 27510/08 et lire le commentaire « Il y aurait donc génocide et génocide… » par Farah SAFI, in Droit pénal n° 11, Novembre 2015, comm. 139).
    Voir aussi en droit français : Cass. crim., 6 octobre 2015, n° 15-84.335 ; Cass. civ. 1,  16 octobre 2013, n° 12-35.434 ; TGI Paris, 17e ch. corr., 6 juin 2017, n° 14356000489 ; TGI Paris, 17e ch. corr., 14 mars 2017, aff. Alain S., n° 16113000426 ;  ; TGI Paris, 17e ch. corr., 25 janvier 2017, n° 16039000585 ; TGI Paris, 17e ch. corr., 23 novembre 2016, n° 14304000511…
    Voir surtout CEDH, Grande Chambre, 3 octobre 2019, n° 55225/14 : 55225 14

 

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