Non une commune ne pouvait pas fermer ses services pour soutenir un mouvement national de grève (et c’est évidemment loin d’être un scoop)

… et nul ne pouvait sérieusement en douter.

En matière de grèves ou de litiges politiques, la mairie peut s’investir dans les aides sociales aux personnes (familles de grévistes par exemple), mais pas entrer dans le combat politique lui-même. Une commune peut soutenir un festival ou une conférence mais pas si ces événements glissent vers la manifestation politique même feutrée, nimbée d’intellectualisme. Même certains éditoriaux de maires ou des jumelages ont pu être censurés à ce titre.  :

 

Cependant, il arrive que le juge finisse par entrer dans de jésuitiques vaticinations s’il lui faut intégrer l’héritage religieux de notre Pays dans nos blasons ou nos crèches de Noël : voir ici, , puis de ce côté-ci, voire par là.

De même le juge a-t-il pu autoriser que des communes s’impliquent directement dans des débats humanitaires devenant politiques, mais ce fut au nom du régime, bien distinct, de ce que l’on appelle la coopération décentralisée, et ce à la faveur de la formulation, large, en ce domaine, du premier alinéa de l’article L. 1115-1 du CGCT (TA Lyon, 21 janvier 2016, n° 1308206 ; TA Montpellier, 19 octobre 2021, n°2003886 ; TA Paris, 2e sect. – 2e ch., 12 sept. 2022, n° 1919726 ; TA Nantes, 19 octobre 2022, n°202012829 ; voir aussi ici une vidéo à ce propos). Voir plus récemment CAA Paris, 3 mars 2023, n°22PA04811 dans un sens et CAA Bordeaux, 7 février 2023, n° 20BX04222  puis CAA Toulouse, 28 mars 2023, n°21TL04824 et CAA Toulouse, 28 mars 2023, n°21TL04860 dans l’autre sens. 

Plus largement, voir cet article.

Pourtant, certaines mairies ont:

… cette seconde pratique, donc, étant bien sûr aussi censurée par le juge.

NB : je ne nuis à aucun de mes clients en disant cela… Nul juriste un peu sérieux ne l’ignore. Et en cas de contentieux, rien ne sert de plaider, sauf à tenter de défendre un besoin de changer globalement de jurisprudence. 

Donc c’est sans surprise que le Tribunal administratif d’Orléans vient d’annuler la décision, prise par une ville, de fermer en mars 2023 des services de la ville en soutien au mouvement national de grève dirigé contre la réforme des retraites.

Source :

TA Orleans, 14 mars 2024, 2301088