La résiliation d’un contrat public relève normalement d’une décision expresse de la personne publique cocontractante.
Plus encore, il y a un peu plus de 9 ans, un des importants arrêts « Béziers » (« Béziers II») visait à mettre fin à ces interruptions d’exécution du contrat qui frisaient la résiliation tacite. En effet, le juge forgeait alors le nouveau recours en reprise des relations contractuelles (CE, Section, 21 mars 2011, Commune de Béziers, n° 304806, rec. p. 117), non sans quelques importantes limites toutefois. Voir par exemple :
- Pas de « contractus interruptus »… pas de Bézierus secondus
- Contentieux « Olivet » : le juge valide la caducité de conventions de DSP tandis que la demande de reprise des relations contractuelles du délégataire prend l’eau
- Un changement d’équipe politique permettait-il de résilier un marché public pour motif d’intérêt général ? Non…sauf à démontrer un changement de contexte susceptible de fonder cette décision.
- Résiliation des contrats publics : attention à la proportionnalité de la sanction à la faute constatée…
- Contrats : la résiliation tacite, enfin explicite !
- etc.
C’est l’un de ces recours en reprise des relations contractuelles qui vient d’échouer devant le TA de Lyon.
En 2020, un centre hospitalier a été démarché par une société au titre de travaux d’amélioration de l’isolation du bâtiment avec une rémunération de la société par des certificats d’économie d’énergie.
De tels démarchages sont légion, notamment dans le privé.
Mais ce n’en sont pas moins des marchés publics s’ils sont souscrits par un acheteur public.
Le TA a admis la résiliation (qui a finit par être explicite) pour motif d’intérêt général tiré de l’illégalité initiale du contrat (CE, 10 juillet 2020, Soc. Comptoir Négoce Equipements, 430864, au rec) et ce dans des conditions qui laissent mal augurer, pour cette entreprise, d’éventuelles demandes indemnitaires qu’elle aurait la fantaisie de demander ensuite (ceci dit nul doute que l’hôpital a également commis une faute lorsqu’un de ses agents sur le départ a accepté de signer ces contrats…).
Sur ce point, voir :
- Un contrat public illégal peut-il, à ce titre, être résilié ? Avec quelles conséquences ? Que changent les arrêts du 10 juillet 2020 ? [VIDEO]
- Un contrat administratif illégal peut-il, à ce titre, être résilié unilatéralement ? Avec quelles indemnisations ? Et que se passe-t-il si la nullité d’un contrat résulte de pratiques anticoncurrentielles de son cocontractant ?
- Un arrêt important sur les pratiques anticoncurrentielles des entreprises en marchés publics
- L’acheteur public, victime de pratiques anticoncurrentielles [VIDEO]
- Clauses illégales : l’avenir appartient à l’administration… Le passé, lui, relève du juge.
Voir :
- cette décision : TA Lyon – N° 2104848 – société Grintek SAS – 17 mars 2022 – C
- l’analyse de celle-ci sur Alyoda : https://alyoda.eu/index.php?id=8368
- les Conclusions du rapporteur public : M. Romain Reymond-Kellal
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