L’octroi ou le retrait de l’appellation Musée de France, qui est un label important (I) ont été réformés par décret (II) dans le cadre plus vaste d’un grand mouvement de déconcentration de nombreux pans de l’administration depuis deux ans (III).
I. L’appellation « Musée de France »
Pour reprendre la prose officielle : « Les ”musées de France” sont des musées agréés par l’État et bénéficiant prioritairement de son aide, selon les termes de la loi du 4 janvier 2002 [qui] peut être accordée aux musées appartenant à l’État, à une autre personne morale de droit public ou à une personne de droit privé à but non lucratif. À ce jour, 1219 musées ont reçu [cette] appellation ».
Voir :
- La carte interactive des musées de France
- Qu’est-ce que l’Appellation « Musée de France » ?
- Quels sont les avantages que l’Appellation « Musée de France » procure ?
- Comment candidater ?
Attention sur le dernier de ces liens, il faut évidement prendre en compte surtout le nouveau régime issu du décret ci-dessous (II) mentionné, en attendant que le Ministère mette à jour sa page Internet.
II. Une procédure qui reste complexe quoique relativement rapide
Le mouvement de déconcentration actuel est vaste (voir ci-après III). Aussi est-ce sans surprise que l’on a eu au JO un autre texte de déconcentration au JO portant, cette fois, sur cette appellation musée de France (voir ci-avant « I »).
Il s’agit du décret n° 2020-1371 du 10 novembre 2020 (NOR : MICB2017202D), modifiant le code du patrimoine :
Est donc transférée la compétence de l’attribution ou du retrait de l’appellation « musée de France » à l’échelon territorial avec, à la manœuvre, le Préfet de région.
Avec les étapes suivantes :
- La personne morale propriétaire de collections qui sollicite l’appellation “musée de France” adresse une demande au préfet de la région où se situe son siège. La demande est accompagnée notamment de :
« 1° L’inventaire des biens affectés aux collections du musée, précisant l’origine de propriété des biens ;
« 2° La décision de l’autorité compétente demandant l’appellation “musée de France” ;
« 3° Un document d’orientation précisant les objectifs scientifiques et culturels du musée ainsi que les conditions et les moyens envisagés pour leur mise en œuvre, notamment en matière de collections, de personnels, de muséographie, d’éducation, de diffusion et de recherche.
NB : le dossier est un peu différent en cas de demande de retrait d’appellation. - Le préfet de région accuse réception du dossier de demande dès lors que celui-ci est complet, ou, le cas échéant, informe le demandeur des pièces manquantes. En l’absence d’une telle information dans un délai d’un mois suivant sa saisine, le dossier de demande est réputé complet.
- Le préfet de région rend un avis motivé sur le dossier
- puis, dans un délai de deux mois à compter de la réception du dossier complet, le préfet de région saisit le Haut Conseil des musées de France en joignant cet avis motivé
- est ensuite rendu l’avis du Haut Conseil des musées de France (dans les 6 mois ; avis implicitement défavorable).
- L’appellation “musée de France” est attribuée et retirée par arrêté du préfet de région avec quelques dérogations.
- Dans un délai d’un mois au plus tard à compter de l’avis du Haut Conseil des musées de France, l’arrêté est publié, selon le cas, au recueil des actes administratifs de la préfecture ou au Journal officiel de la République française. Lorsque l’arrêté est publié au recueil des actes administratifs de la préfecture, un avis est également publié au Journal officiel de la République française. Passé le délai de neuf mois à compter de la réception du dossier de demande complet, le silence gardé par l’autorité administrative vaut rejet de la demande.
Attention : pour les collections appartenant à l’Etat ou à une personne morale placée sous la tutelle de l’Etat, la demande est adressée au ministre chargé de la culture et, le cas échéant, au ministre dont relève le musée en cause ou qui en assure la tutelle. La procédure, alors, diffère un peu.
III. Une petite pierre de plus à un vaste édifice de déconcentration depuis deux ans
Texte après texte, c’est à un large mouvement de déconcentration de nombreuses décisions que nous assistons depuis deux ans (combinée avec la suppression de nombreux organismes, notamment consultatifs) :
- Environnement, transports, énergie, logement, : très vaste mouvement de déconcentration du MTES au JO
- Vaste mouvement de déconcentration en matière de patrimoine et de culture
- Déconcentration pour certains actes relatifs au logement social
- Centres culturels de rencontre : l’heure est à la déconcentration
- Déconcentration de certaines mesures relatives aux GIP dont les activités n’excèdent pas le ressort d’une collectivité
- Dispositif national de surveillance de la qualité de l’air : déconcentration et fin de la transposition de la directive 2008/50/CE, au JO de samedi
- Simplification, délocalisations, déconcentration… Une importante circulaire sur la réorganisation des administrations centrales
- Classement des communes en station de tourisme : le Ministère passe la balle au préfet et assouplit le procédure
- Coupes claires dans les commissions consultatives à l’Etat
- 85 commissions supprimées d’ici le 1er juin 2020
Avec en parallèle une réforme de l’Etat déconcentré :
- Réforme de l’Etat déconcentré : ça continue avec, cette fois, des secrétariats généraux communs départementaux
- L’Education nationale, la jeunesse, l’enseignement supérieur, l’innovation et la recherche se réorganisent en régions
- Entrepreneurs de spectacles vivants : le JO entre en scène (suite) Une importante circulaire sur l’organisation territoriale de l’Etat
… combiné à un mouvement d’installation en régions de certaines administratifs, le cas de services de la DGFIP étant emblématique :
Et le projet de loi 3D ou 4D ainsi qu’un autre projet de loi (organique celui-ci) vont aussi dans ce sens :
- Lancement de la concertation sur le futur projet de loi « 3D » (décentralisation ; différenciation ; déconcentration)
- Simplification des expérimentations et préfiguration des différentiations : un projet de loi organique dédié aux territoires
- Le projet de loi 3D rejeté dans une autre dimension
- 3D : un manque de relief ?